Nausée Verte 


Armé d’un fascicule explicatif, d’un stylo subversif, un escogriffe à longs tiffes a mis fin à ta déambulation. D’un ton déplacé, carrément agressif, il s’est adressé à toi comme au pire des malfrats. - “sauvez la planète ça vous intéresse ? Sauvez la planète vous n’avez pas le choix ! Sauvez la planète vous êtes responsable ! Sauvez-la, pour arrondir mes fins de mois !” 
C’est quoi ce racket, il se prend pour qui ? Biomanforce verte ou bien Kadhafi ? Tu pestes dans ta tête mais reste poli, savourant en fantasme ta répartie, cadenasses par un silence hypocrite, la messe basse de tes pensées cyniques… 
    Rase ta forêt, décalote-glacière-toi, fais péter la planète, tu niques le risque systémique,
    tu niques le risque systémique bien profond ! Rase ta forêt, décalote-glacière-toi,
    fais péter la planète, tu niques le risque systémique, tu niques le risque systémique…
     tu le niques bien profond… 
Le grand escogriffe à longs tiffes est toujours là, justeen face de toi, à te servir son blabla sur l’avenir des pandas. Il se gargarise d’arguments valise et toi, tu restes coi, ne tombant pas dans le panneau solaire. La réplique caustique n’est pas de mise : tu as trouvé refuge dans ton imaginaire apocalyptique… 
    Rase ta forêt, décalote-glacière-toi, fais péter la planète, tu niques le risque systémique !
Comme une tique assoiffée de fric, l’escogriffe s’acharne, il donne dans le pathétique, critique ta petite vie d’occidental. Il se donne beaucoup de mal pour être aussi banal ! Il cherche à te faire culpabiliser comme si Shell était ton entreprise privée. La bonne morale est bien sûr de son côté, tu es le mal et maintenant faut débourser… Excédé par son complexe de supériorité tu extrapolesune autre réalité : trous d’ozone, décharges de produits chimiques, émanations de méthane, zones sinistrées, forment ensemble un panorama magique, une harmonie de gris qui se déclinent à l’infini. Des fuites de gaz toxiques multicolores complètent le tableau d’une légère teinte disco. Cette vision d’un monde en perdition te semble alors plus belle que celle d’un mégastore bioen pleine action de promo… 
    Rase ta forêt, décalote-glacière-toi, fais péter la planète, tu niques le risque systémique,
    tu niques le risque systémiquebien profond ! Rase ta forêt, décalote-glacière-toi,
    fais péter la planète, tu niques le risque systémique, tu niques le risque systémique
    bien profond ! 
On te sert une salade de garniture verte pour un steak de panda, une mère nature en friture qui fait office de bromure, une petite maison dans la prairie avec une très belle déchetterie, une montée des eaux qui prime sur la montée des opprimés ! Il y a un os, le met est indigeste, nausée verte qui soudain se manifeste, quand l’escogriffe à longs tiffes te tend son stylo, fausse alerte tu ne lui vomis que des mots. Sur un ton lyrique, tu donnes enfin ta réplique… 
    Rase ta forêt, décalote-glacière-toi, fais péter la planète, rase ta forêt,
    décalote-glacière-toi, fais péter la planète, tu niques le risque systémique,
    tu niques le risque systémique, tu niques, tu niques le risque systémique bien profond !